Contrer les douleurs

Nous avons tous connu des brûlures d’estomac après un repas. Très souvent, ces douleurs s’estompent en quelques heures, avec ou sans l’aide d’antiacides. Mais quelques millions de personnes souffrent de brûlures d’estomac récurrentes et ont peut-être une maladie chronique appelée reflux gastro-œsophagien ou RGO. Lorsqu’elle n’est pas traitée, elle peut endommager l’œsophage et dans certains  cas (rares) conduire au cancer de l’œsophage.

Les personnes obèses, les fumeurs et les femmes enceintes sont plus susceptibles que les autres de souffrir de RGO, mais cette maladie peut frapper les personnes en bonne santé à tout âge.

Que se passe-t’il dans l’estomac et l’œsophage

Lorsque vous avalez de la nourriture, elle passe de l’œsophage à l’estomac, qui produit de l’acide pour aider à la décomposer afin qu’elle soit digérée. L’acide gastrique est un liquide composé d’acide chlorhydrique (0,5 %), de chlorure  de potassium et de chlorure de sodium (sel). Il permet de digérer les protéines et de les préparer à être séparées en acides aminés par des enzymes. Le sphincter œsophagien, un anneau de fibres musculaires à l’entrée de l’estomac, est censé se refermer comme une valve une fois la nourriture passée, pour empêcher les sucs gastriques de remonter dans l’œsophage. Mais si ce n’est pas le cas, de l’acide gagne l’œsophage et une brûlure se fait ressentir. Elle débute généralement    juste en dessous du sternum jusqu’à la gorge. Elle s’accompagne d’un goût aigre ou amer dans la bouche. Les brûlures d’estomac occasionnelles ne sont ni inquiétantes ni dangereuses. Par contre, le RGO le peut. Au fil du temps, le reflux acide peut enflammer et éroder la paroi de l’œsophage, entraînant une œsophagite. La plupart des       œsophagites sont relativement bénignes, mais quand l’œsophagite n’est pas traitée, des saignements, des   cicatrices et Un rétrécissement de l’œsophage peut se produire, rendant la déglutition douloureuse et difficile.

.Les médicaments aident mais, prudence

Les antiacides, comme Maalox, Rennie, renferment une association de minéraux alcalinisant, qui tamponnent l’acidité régionale. D’une manière générale, les sels minéraux de potassium, de sodium, de magnésium, de calcium lorsqu’ils ne sont pas à base de chlorure sont alcalinisant. Ils n’empêchent pas l’estomac de fabriquer de l’acide, mais « tamponnent » ou neutralisent cet acide.

Si les douleurs sont récurrentes le médecin prescrira probablement un IPP (inhibiteurs de la pompe à protons), tels l’ésoméprazole, le lansoprazole, ou l’oméprazole.

Comment fonctionnent ’ils ?

Ces médicaments très populaires réduisent la quantité d’acide produite. Ils agissent en bloquant une pompe cellulaire qui sécrète des ions hydrogènes (H+), c’est-à-dire des atomes d’hydrogène ayant perdu un électron. Ces ions sont normalement associés à des ions chlorures pour former l’acide chlorhydrique (HCl). En inhibant la sécrétion des ions H+, les IPP diminuent très fortement l’acidité gastrique (jusqu’à 99%). Les antihistaminiques et les inhibiteurs de la pompe à protons agissent directement.

L’acide de l’estomac a une autre fonction cruciale : il détruit les bactéries et les organismes pathogènes. Des études ont trouvé que les personnes qui prennent des IPP ou des antihistaminiques H2 ont un risque plus élevé de pneumonie, probablement dû aux micro-organismes  responsables de cette maladie qui ne sont pas éliminés dans l’estomac. Les IPP sont également associés à un risque d’infection digestive par une bactérie qui provoque colite et diarrhées, appelée Clostridium difficile. L’estomac sécrète enfin de l’acide pour libérer la vitamine B12 et dissoudre le calcium des aliments. Une diminution importante de l’acide de l’estomac peut entraîner un déficit de ces derniers.

 

Diminuer réellement les symptômes

Une mesure de simple bon sens consiste à attendre deux à trois heures après un repas pour se coucher. On conseille aussi de surélever le haut du lit de 10 à 20 cm avec des cales, pour créer une pente entre œsophage et estomac et faire en sorte que  le contenu de l’estomac reste où il est. Attention : n’utilisez  pas d’oreiller pour cela, car la flexion du corps au niveau de l’abdomen ne ferait qu’aggraver la situation. Autre mesure simple, mais qui peut réellement vous soulager : dormir sur le côté gauche. Enfin, plusieurs études ont trouvé que l’on peut réduire les symptômes de reflux en mâchant un chewing-gum (sans sucre) après un repas, pendant 30 minutes environ. On l’explique par le fait que le chewing-gum fait saliver et que cette salive alcaline tamponne l’acidité de l’œsophage. Ce qu’on peut faire à plus long terme, si vous avez des kilos en trop, c’est le moment d’envisager de les perdre. En fait, les patients en surpoids souffrant de RGO qui réduisent leur consommation de glucides (notamment sucres et féculents) à hauteur de 20 grammes par jour, voient leur condition s’améliorer très nettement en moins d’une semaine.

Comment cela s’explique ?

La graisse abdominale en excès pourrait selon certains chercheurs augmenter la pression au niveau de l’estomac et de l’œsophage. Dans certains cas, cette pression intra gastrique pourrait aboutir à une hernie hiatale. On peut aussi penser que chez les personnes obèses ou en surpoids, l’estomac a tendance à se distendre, ce qui entraîne un relâchement du sphincter œsophagien. Il existe un moyen très efficace de maigrir, c’est ce qu’on appelle le régime cétogène. Ce type de régime est pauvre en glucides. Comme les choses sont bien faites, il se trouve que ce régime cétogène non seulement fait maigrir, mais représente un espoir réel pour en finir avec le RGO !

Une étude coréenne a cherché à savoir quels aliments aggravent les symptômes du RGO chez des patients. Cette étude est notamment basée sur un questionnaire alimentaire rempli par les patients, il faut donc en interpréter les résultats avec précaution. Les chercheurs relèvent d’abord que ce sont les personnes obèses ou en surpoids qui sont les plus gênées par leurs symptômes. Ensuite, selon les patients interrogés, ce sont les sodas, les boissons caféinées, les confiseries qui seraient responsables des symptômes les plus gênants. Mais les nouilles (un féculent) sont les aliments qui aggravent le plus les symptômes du RGO et parmi elles les nouilles instantanées. Pour les auteurs de l’étude, c’est peut-être parce qu’elles sont riches en glucides que les nouilles sont si mal tolérées par les patients. Une autre explication est que les nouilles sont généralement  fabriquées à partir de blé ; or le blé semble plus favoriser le reflux que le riz (qui est aussi un glucide) .

Une piste intéressante

La mélatonine est une hormone fabriquée par une petite structure qui se tient au centre même du cerveau, la glande pinéale. Sa production est orchestrée par l’alternance de la lumière et de l’obscurité. La nuit, le taux sanguin de mélatonine est 5 à 15 fois plus élevé que le jour, mais l’exposition à la lumière le fait rapidement chuter. Elle existe aussi sous une forme synthétique (pilule, liquide). La mélatonine est sécrétée à tous les niveaux de la muqueuse digestive. Les résultats sont très encourageants, notamment lorsqu’elle est associée à son précurseur, l’acide aminé tryptophane, des vitamines (B6, B9, B12), un autre acide aminé (méthionine) et de la bétaïne. Elle diminue l’acidité gastrique mais bien moins que les médicaments. Elle protège les muqueuses de l’estomac et de l’œsophage. Un supplément de mélatonine peut aider à la guérison des stomatites, des œsophagites, des gastrites et des ulcères de l’estomac. La mélatonine pourrait agir aussi sur le sphincter œsophagien.

La mélatonine est également intéressante pour celles et ceux qui ont des difficultés à dormir. Les études montrent que chez les insomniaques l’administration de mélatonine facilite le sommeil : elle recale l’horloge biologique, réduit la période de veille avant l’apparition du sommeil et favorise son maintien. Cependant, les effets les plus nets sont obtenus chez  les personnes âgées, en  particulier  lorsque leur taux naturel de mélatonine est bas.

La mélatonine est donc également efficace sur les troubles du sommeil, si vous souffrez aussi de RGO, vous pourriez avec la mélatonine faire d’une pierre deux coups en échappant aussi aux somnifères de synthèse dont les effets indésirables sont nombreux.

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